jeudi 27 mai 2010

A l'horizon proche pointent les Nuits noires d'Aubusson, qui se dérouleront les 3, 4 et 5 juin. Ces rencontres ont lieu chaque année et consistent en l'attribution d'un prix à un roman policier (pas nécessairement récent) par des lycéens qui, au cours de leur programme, auront lu quatre romans sélectionnés.
Les votes seront recueillis autour de 8 tables rondes, le vendredi 4 juin, à Aubusson, par les 8 auteurs invités à cette manifestation :

Maurice Attia
Laurence Biberfeld
Gilles Del Pappas
Cyril Herry
Eric Maneval
Jean-Hugues Oppel
Jean-Bernard Pouy
Antonin Varenne

Suivra un débat entre les auteurs présents et les lycéens de plusieurs établissements, ainsi qu'un apéro-rencontre, au Fabuleux destin, puis la nuit noire en question, qui aura lieu cette année à L'avant-Scène, toujours à Aubusson. Là, les auteurs se livreront à des lectures de textes préparés pour l'occasion, sur des thèmes imposés, mais aussi à des improvisations diverses (les "presque papous dans la tête"). Cette soirée est ouverte au public. Les auteurs y dédicaceront également leurs romans.

Le lendemain matin, samedi 5 juin, rendez-vous à la médiathèque de Felletin, à 10 kilomètres d'Aubusson, où se déroulera un débat public autour du polar (pourquoi le genre ? comment ? quand ?), animé par Jean-Bernard Pouy et Eric Maneval.

Pour plus de détails (horaires, lieux...), vous pouvez consulter cette page : blog


Jean-Bernard Pouy (Nuits noires 2008) - Photo : Sandrine

mercredi 26 mai 2010

L'expérience d'un livre numérique, imprimable et lisible à l'écran, consiste aussi à observer les réactions de chacun. L'imprime-t-on ? (rarement) Le lit-on ? (pas intégralement, ou rarement aussi). Mais on l'imprime et on le lit, néanmoins. Un peu.
Des personnes prennent également la peine de mentionner l'existence de chaque Polychrome sur le web. Je songe ici au site K-libre, au forum Pol'art noir, à Max Obione sur son blog, au site de la revue 813, entre autres partenaires précieux.

Bien que le livre numérique soit annoncé, ici et là, comme une révolution, va-t-on voir ces livres considérés au même titre qu'un livre papier, palpable, dans les supports de presse écrite ? Pour le moment, nada, à ma connaissance. Il importe de le noter. Et je ne fais pas uniquement allusion aux productions d'Ecorce, mais à tous les livres numériques qui déferlent sur la toile. Si les critiques (ou des bloggers, ou de simples lecteurs sur des sites qui le permettent) n'en parlent pas, ils n'existeront pas, ou presque pas.
C'est en cela que les Polychromes sont des expériences. Des questionnements.

Pour le moment, la réticence semble évidente et on préfère de loin continuer à tourner des pages bien réelles. Tant mieux. Très sincèrement. Aventure à suivre...
Un troisième Polychrome verra le jour au début de l'automne, quoi qu'il en soit. Une troisième expérience. Après la sortie du deuxième roman (papier) de la collection noir.

jeudi 20 mai 2010

Le deuxième Polychrome est disponible sur le site Ecorce depuis minuit.
Il s'intitule Polychromes : logos.
Le recueil reprend par certains aspects la formule employée pour Polychromes : blanc, mais il diffère par d'autres.
Logos – aucun rapport avec une quelconque couleur, me direz-vous, mais le blanc n'en est pas une. Les couleurs sont celles que les auteurs qui participent à ces expériences parviennent à inspirer, à générer dans les esprits quand on les lit.

Quand on les lit, mais les Polychromes restent des créations numériques, et même si l'on tente chaque jour de nous convaincre que le numérique est l'avenir du livre, que les outils déferlent à ce titre et sont en mesure de modifier nos habitudes, nos comportements, nos choix à plus ou moins court terme, il semblerait que peu de lecteurs soient de cet avis à l'heure actuelle.
Je partage leur réticence.

Alors pourquoi réaliser des recueils numériques ? me demanderez-vous peut-être.
Pour jouer le jeu, je vous répondrai. Jouer le jeu dans un monde en voie de totale numérisation. Pour diffuser aussi des créations de façon plus souple et immédiate, en particulier grâce aux ordinateurs et, accessoirement, aux imprimantes.
Certainement pas pour promettre un avenir total virtuel aux éditions Ecorce. Certainement pas pour inciter quiconque à se plier aux pressions déjà largement exercées par les médias et les marchands de gadgets (qui bousillent les mises en page, entre nous soit dit, et compressent non seulement la création, mais aussi le plaisir intime de lire un texte). Certainement pas non plus pour tirer bénéfices de ces expériences collectives.

Pour questionner ce phénomène, je vous répondrai aussi.
L'interroger, le cerner, tenter de saisir les enjeux qui en découlent. Pour en utiliser les codes propres, les ficelles. Observer des modifications dans les raisonnements, les désirs, les peurs, les comportements – les façons dont tout ceci se manifeste, alors qu'il y a encore deux décennies, les manifestations étaient si différentes. Les investir, précisément pour écrire, c'est à dire interpréter, témoigner, exprimer le regard qu'on porte sur ce / ceux qui nous entoure(nt). Expérimenter le corps du sujet, en somme.


La forme dialoguée exclusive de ce Polychrome est une façon d'investir le sujet et de le refléter, à une époque où pullulent les moyens de communication, les outils de toutes sortes qu'on transporte avec soi, qui logent dans une poche ou dans une sacoche et pèsent à peine 1kg. Ils sont là, ils ne nous quittent pas (on ne les quitte pas), à portée de main et toujours avec plus d'options.
Bien.
Mais jouons avec.
La littérature, comme l'art et le cinéma, doit témoigner de son temps. Elle doit en épouser les codes, les formes caractéristiques. Ou bien elle ment. Ou bien elle est en retard. Ou bien elle revendique des formes et des sujets qui n'ont plus cours.

Et des formes d'écriture spécifiques pourraient bien émaner de ces nouveaux modes de communication, de ces nouveaux outils qui nous permettent de croire qu'on n'est pas seul dans ce monde urgent, inquiet, de plus en plus complexe, de plus en plus ouvert et, paradoxalement, de plus en plus verrouillé.

Mais, dans l'immédiat, il s'agissait juste de dialogues. A une exception près, aucun n'est en rapport direct avec nos chers nouveaux outils de communication, et tous s'attachent à mettre en scène des individus tourmentés, nerveux, pas rassurés, pas lisses, mais que l'envie de vivre anime cependant, coûte que coûte.
Juste des affaires de chairs intimes.

lundi 17 mai 2010

Hier, je me disais que la collection noir d'Ecorce tarderait à germer, autant qu'un printemps qui se fait attendre, puisque le terme collection implique plusieurs livres. Il implique également une cohésion, pas seulement dans l'identité visuelle, ni dans le fait que tous les romans de la collection seront noirs et se dérouleront dans une région délimitée, mais avant tout au niveau de l'écriture elle-même et des sujets que les auteurs aborderont au travers des textes à venir.

De quoi vont donc parler ces textes ?
Cette question peut apparaître superflue ; elle est pourtant essentielle. Si un auteur ne se la pose pas au moment d'entreprendre l'écriture d'un roman, le risque est grand qu'il s'égare ou ne fasse que raconter une histoire, en épousant des codes prescrits, en empruntant une direction déjà cinq mille fois explorée, en oubliant (peut-être) d'écrire, d'interroger sans cesse le présent, et de lui répondre, non seulement dans le fond du récit, mais aussi dans sa forme.

L'orientation d'Ecorce se situe là : dans le rapport des romans à leur époque et dans la forme d'écriture qui, de même, proposera une réplique de cette époque. Et j'en profite pour préciser que "roman noir" ne signifie pas nécessairement "roman policier". Un roman noir peut se passer de meurtre et d'enquête. Le terme "polar" ne figure pas dans la ligne éditoriale d'Ecorce.

L'angle d'attaque, si je puis dire, touche davantage à la part obscure de l'être humain, ou plus précisément celle de l'individu. Il vise la chair intime, le mal-être social, les angoisses générées par la vie en société en 2010, les comportements nouveaux, les modes de communication, la vitesse de l'information, la banalisation, l'indifférence... – tout ce qui a lieu là, sous nos yeux ou beaucoup plus loin, ici et maintenant.

Nul besoin d'une enquête policière pour révéler cet ensemble complexe de paramètres. Nul besoin d'un tueur en série ou d'un super-flic. Nul besoin de se sentir obliger d'emprunter telle ou telle voie déjà tracée pour prétendre être en mesure d'écrire un roman qui parle de cette époque. Ça peut être plus simple, et en même temps beaucoup plus compliqué, puisqu'il n'y a aucune recette imposée. Je dirais que tout reste à faire. Que la voie est libre. Le roman noir est une forme de littérature toute désignée pour témoigner de notre temps, sans filtre, sans gants, ni pincettes.

Initialement, le propre du roman noir consistait à transgresser. C'était aux Etats-Unis, il y a un siècle environ. Je ne vois aucune raison valable de l'oublier. Bien au contraire. Notre époque s'y prête plus que nulle autre, probablement. Et transgresser ne signifie par verser dans le grand spectacle et la surenchère, mais bien à témoigner d'un état des lieux et des êtres, d'en explorer le corps sensible, en y mettant la forme et les tripes.

mercredi 5 mai 2010

30° sous le chapiteau du salon du livre de Limoges, disais-je récemment, et zéro pointé aujourd'hui dans le petit coin de Creuse d'où j'écris ces quelques lignes, et la neige en bonus. Mais les saints de glace approchent. Sous dix jours, on n'en parlera plus.

Et la neige n'empêche pas le roman Retour à la nuit de continuer à faire parler de lui. Aujourd'hui même, deux échos simultanés surgissent sur la toile. Le premier sous la forme d'un entretien avec Eric Maneval, mené par un certain DJ Duclock, sur le blog homonyme que vous pouvez découvrir en cliquant ici. Un entretien étonnant, à dominante musicale ; presque une discussion de comptoir. Presque. Je vous invite à y jeter un oeil, et une oreille tant qu'à faire.

Le deuxième écho se situe sur le blog Noirs desseins, orienté littérature noire et rock n'roll. Une chronique développée de Retour à la nuit et un regard très personnel posé sur l'organisation du roman, sa construction. Rendez-vous ici

J'en profite pour vous dire que le deuxième Polychrome s'étoffe et que sa parution est prévue à la fin du mois en cours. Pour vous dire aussi que le deuxième roman de la collection noir ne sortira pas en juin, mais fin septembre. Nous allons prendre le temps nécessaire pour qu'il voit le jour dans les meilleures conditions. Et c'est en très bonne voie.